La philosophe franco-italienne explique dans une tribune au « Monde » comment l’ancienne Ligue du Nord, dont le score électoral était de 4 % en 2013, est devenue, sous la direction de Matteo Salvini, un parti recueillant aujourd’hui 36 % des intentions de vote.
Tribune. Matteo Salvini a bousculé le paysage politique italien. En 2013, personne n’aurait deviné que la Ligue, le parti dont il est secrétaire depuis plus de cinq ans, gouvernerait le pays en 2018 et encore moins que son leader, un an plus tard, aurait eu la possibilité de provoquer la dissolution du gouvernement. En effet, les revendications fédéralistes et sécessionnistes de la Ligue du Nord en avaient fait un parti minoritaire.
En 2013, elle avait gagné 18 sièges au Parlement avec un score électoral de 4,09 %, et gouverné en coalition avec la droite de Silvio Berlusconi. Aujourd’hui, le groupe parlementaire de la « Lega -Salvini Premier » siège au Parlement avec 125 députés, recueille environ 36 % des intentions de vote et appelle à des élections anticipées afin d’obtenir les « pleins pouvoirs », expression de Mussolini reprise récemment par Matteo Salvini, ce qui lui permettrait de constituer un gouvernement tel qu’il l’entend et de dicter son agenda.
Les observateurs étrangers s’interrogent : comment cette victoire a-t-elle été rendue possible ? Comment la promesse initiale formulée par la Ligue, celle de la séparation entre le nord et le sud du pays, a-t-elle pu être absorbée par un nationalisme identitaire et convaincre les Italiens ?