Le champion espagnol, qui n’a pas participé à l’US Open, est revenu sur le circuit au tournoi de Rome, qui a débuté le 12 septembre. Prisonnier VIP de l’hôtel où il était obligé de résider pour raison sanitaire, il nous a parlé par écran interposé deux jours plus tôt. Et nous a expliqué – en exclusivité – comment il envisage Roland-Garros.
Êtes-vous satisfait des mesures prises pour garantir la santé des joueurs sur l’ATP Tour ?
Il faut attendre et voir comment ça se passe. Je pense que tout le monde essaye de faire au mieux pour que le circuit puisse continuer dans les conditions les plus sûres. Les personnes en charge font un très bon travail, sous pression et dans des circonstances difficiles où il est parfois compliqué de prédire ce qui va passer d’une semaine sur l’autre.
Vous avez appelé à l’unité après la création d’un syndicat « dissident » par Novak Djokovic. Pouvez-vous nous préciser ce que vous en pensez ?
Je me suis toujours battu pendant ma carrière afin d’obtenir des choses pour les joueurs. Je suis sur le circuit depuis 2003 et croyez-moi, au cours de ces dix-sept années, nous n’avons jamais été dans une meilleure position qu’aujourd’hui. Oui, nous pouvons demander plus, nous battre pour obtenir davantage de poids au sein de l’ATP. Mais c’est compliqué de mettre d’accord 100 % des joueurs. Tout le monde a des idées différentes et je pense que ce n’est pas le bon moment de créer des scissions, c’est le moment de travailler ensemble pour le futur proche car nous vivons grâce aux fans, aux droits télé, aux sponsors. Si les fans ne sont pas autorisés à se rendre aux tournois, ceux-ci auront des rentrées financières moindres et les joueurs auront du mal à obtenir les mêmes gains. Donc il s’agit de se serrer les coudes, d’essayer de trouver des solutions pour que les tournois restent pérennes, faute de quoi nous sommes sans emploi.
Quel est votre meilleur souvenir à Roland-Garros ?
J’en ai tellement. Peut-être la victoire en 2017, c’était très spécial, mon dixième titre. Mais honnêtement j’ai apprécié toutes ces années et pas seulement sur le court. J’ai beaucoup d’amis à la fédération française, parmi les gens qui travaillent sur le tournoi. Je m’y sens un peu à la maison. Je ressens le soutien de la foule, des gens sur place. C’est quelque chose de difficile à décrire mais quand vous jouez et que vous recevez ce soutien, vous vous sentez bien.
Les conditions vont être un peu différentes cette année…
Tout le monde va être affecté par ces circonstances inédites. Cette période va être un test. On va voir comment les choses évoluent dans les prochaines semaines. Je dois garder l’attitude la plus positive possible sachant que revenir sur le circuit n’est jamais facile au début. Il faut que j’accepte ce défi et que je n’aurai pas forcément les meilleures sensations de jeu. Mais avec la bonne attitude… J’ai déjà fait tellement de come-back après de longues périodes sans jouer !
Vous avez coaché avec succès Roger Federer à la Laver Cup. Seriez-vous intéressé par un rôle d’entraîneur dans le futur ?
Pourquoi pas. Je ne dirais pas que ça n’arrivera jamais. J’ai une académie et j’aime y donner des conseils aux jeunes joueurs et aux entraîneurs, donc je me vois bien aider ces jeunes dans le futur.
Vous êtes très impliqué dans la communauté avec votre fondation, l’argent que vous avez récolté pour la Croix-Rouge avec le basketteur Pau Gasol, ou l’aide que vous avez apportée lors des inondations à Majorque. D’où vous viennent ces valeurs de solidarité ?
Pour moi, c’est quelque chose de complètement naturel. Je pense que j’ai eu beaucoup de chance dans ma vie, donc d’une manière ou d’une autre je me dois de redonner. J’ai créé notre fondation il y a dix ans et nous travaillons dur pour donner des opportunités aux jeunes, en particulier aux enfants. Contre le risque d’exclusion sociale, nous avons différents projets, en Espagne et en Inde. Le monde est parfois injuste, donc j’essaie juste d’aider comme je peux. Quand vous voyez les progrès de certains enfants dont le destin était probablement de traîner dans la rue, que vous créez un environnement où ils peuvent pratiquer un sport, étudier, dans un cadre serein… Nous essayons de leur donner une chance d’être de meilleures personnes et de les préparer pour l’avenir. Difficile de trouver quelque chose qui rende plus heureux que ça.
Propos recueillis par Anna Bonalume et Alexandre Choiselat