ENTRETIEN. Attilio Fontana est président de la Lombardie, une région italienne touchée par le virus. Il en appelle à la solidarité des autres pays de l’UE.
Propos recueillis par Anna Bonalume à Milan
La propagation du coronavirus est préoccupante en Italie, particulièrement dans le Nord, où plusieurs personnes sont mortes ces deniers jours. Une zone rouge a été déclarée, comprenant plusieurs communes désormais confinées pour éviter la propagation du virus. De son côté, la France a pris des mesures concernant les personnes ayant séjourné récemment en Italie, ce qui ne manque pas d’agacer Attilio Fontana, le président de la Lombardie. Membre de la Ligue, le parti de Matteo Salvini, il dénonce l’égoïsme des autres pays d’Europe. Entretien.
Le Point : Quelles sont les répercussions économiques de la propagation du coronavirus en Lombardie ?
Attilio Fontana : La Lombardie connaît déjà les premières retombées économiques dans les secteurs du tourisme, de la restauration et du commerce. Et ces conséquences s’étendront aux entreprises, puisque les travailleurs ne peuvent pas se rendre sur leur lieu de travail, il y a un problème de transport des marchandises et il est difficile de passer des commandes.
Dans les moments difficiles, l’Union européenne doit fonctionner comme une communauté
La Bulgarie a suspendu les vols en provenance de Milan jusqu’au 27 mars, Prague a mis en place des mesures de sécurité pour les vols en provenance d’Italie, l’Irak a interdit l’accès aux Italiens et aux voyageurs arrivant d’Italie. Comment évaluez-vous les mesures mises en place par ces pays ?
Je suis vraiment étonné des mesures prises par certains pays européens à l’encontre des habitants de la Lombardie. Nous sommes membres de l’Union européenne et nous devrions nous montrer plus solidaires, sinon le véritable sens de l’accomplissement de l’institution européenne échouerait. Dans les moments difficiles, l’Union européenne doit fonctionner comme une communauté, une institution qui protège les droits des citoyens. Si ce n’est pas le cas, il s’agit d’une institution basée uniquement sur le papier.
Comment évaluez-vous les mesures de quarantaine destinées aux enfants revenant du nord de l’Italie mises en place par la France ?
La France met en place des mesures de quarantaine contre les Italiens qui n’ont aucun sens. Je peux comprendre la mise en garde contre les personnes provenant des zones rouges, les zones du foyer de la contagion, mais dans le reste de la Lombardie il y a des territoires qui n’ont aucune personne infectée ou des raisons de contact avec ces zones. Je trouve que les mesures mises en œuvre par la France sont dénuées de sens et offensantes.
Êtes-vous en contact avec d’autres pays européens ?
J’ai demandé au gouvernement de contacter les autres pays européens pour coordonner une stratégie d’urgence commune. Une partie de la responsabilité incombe à l’Union européenne, qui n’a pas pris soin d’empêcher les vols provenant de Chine. L’Italie a bloqué les vols en provenance de la Chine, mais les Chinois ou les personnes provenant de la Chine ont tout de même pu arriver en Italie par des vols qui faisaient escale à Francfort, Paris ou Berlin. Une petite partie de responsabilité dans la propagation du virus revient également à l’Union européenne, qui se montre si pointilleuse à notre égard.
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